đŸƒâ€â™‚ïž Qu’est-ce qu’un Strava Jockey ?

Quand courir devient une prestation de service


L’application Strava, vĂ©ritable rĂ©seau social des sportifs, a conquis des millions d’utilisateurs Ă  travers le monde, notamment parmi les coureurs et cyclistes amateurs. Mais Ă  l’ùre des performances visibles, des segments conquis et des « kudos » distribuĂ©s Ă  la volĂ©e, une pratique inattendue a Ă©mergé : celle des Strava Jockeys.

1. Le phĂ©nomĂšne : dĂ©lĂ©guer l’effort, afficher la gloire

Un Strava Jockey, c’est une personne payĂ©e pour courir Ă  la place d’un autre, tout en utilisant son compte Strava. En pratique, le client partage ses identifiants ou utilise un appareil connectĂ© au nom du coureur mandatĂ©. Moyennant quelques dizaines d’euros, ce dernier effectue la sĂ©ance, parfois avec des exigences prĂ©cises :

  • « 10 km en moins de 45 minutes »

  • « Marathon en 3h30 »

  • « Segment KOM Ă  rĂ©cupĂ©rer »

En France, ces offres circulent sur Leboncoin, Instagram ou Telegram. Certains prestataires vont jusqu’à fournir des photos, captures GPS, ou messages personnalisĂ©s pour crĂ©dibiliser la performance.

2. Pourquoi paie-t-on quelqu’un pour courir à sa place ?

DerriÚre cette pratique à premiÚre vue absurde, se cachent des motivations révélatrices :

● Le besoin de reconnaissance sociale

Strava fonctionne comme un rĂ©seau d’image : on court pour ĂȘtre vu, likĂ©, reconnu. Certains cherchent Ă  gagner du statut, Ă  impressionner leur entourage ou leur entreprise, quitte Ă  tricher.

● La pression de la performance

Entre les dĂ©fis collectifs, les classements internes, et la course aux badges, certains se sentent pris au piĂšge : ils externalisent l’effort pour sauver la face.

● L’alibi commode

Cas encore plus troublant : des utilisateurs ont recours Ă  ces services pour couvrir une infidĂ©litĂ© ou un mensonge professionnel. L’activitĂ© enregistrĂ©e devient alors un faux justificatif d’emploi du temps.


3. Strava contre-attaque : une purge massive des faux comptes

Face Ă  l’ampleur du phĂ©nomĂšne, Strava a rĂ©cemment rĂ©agi fermement. La plateforme a supprimĂ© plus de 4,45 millions d’activitĂ©s suspectes, liĂ©es Ă  des anomalies GPS, des incohĂ©rences de vitesse ou des partages de compte.

Selon ses Ă©quipes, il s’agit de garantir l’intĂ©gritĂ© des donnĂ©es et de prĂ©server la confiance entre utilisateurs. Car derriĂšre chaque segment ou chaque dĂ©fi, c’est la crĂ©dibilitĂ© de l’effort qui est en jeu.

« Un compte Strava est personnel. Si vous laissez quelqu’un courir Ă  votre place, vous enfreignez les conditions d’utilisation », rappelle l’entreprise.

En parallÚle, Strava a renforcé ses algorithmes de détection, tout en encourageant les utilisateurs à signaler les activités douteuses.


4. Une question de sens : pour quoi court-on, au fond ?

Le phĂ©nomĂšne des Strava Jockeys n’est pas qu’une anecdote numĂ©rique : il met en lumiĂšre une sociĂ©tĂ© oĂč l’apparence prend parfois le pas sur l’expĂ©rience rĂ©elle. OĂč le besoin de validation sociale pousse Ă  la triche, mĂȘme dans un domaine censĂ© rester ludique, sain, personnel.

Alors, à chacun de se poser la question :
Courez-vous pour progresser
 ou pour impressionner ?

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